La première femme nigérienne au service de la Protection Civile du Niger

La première femme nigérienne au service de la Protection Civile du Niger.

Humble et intègre, la femme de 59 ans est à un an de sa retraite après avoir servis son pays pendant 41 ans. Sa particularité, elle est la première femme, première civile à intégrer le Bureau Sécurité Incendie (B.S.I.) du Ministère de l’intérieur, l’actuelle Direction Générale de la Protection Civile (D.G.P.C.).

Née le 08 juillet 1963 à Dungass (Département de Magaria, région de Zinder), Hadjia BALKISSA ISSOUFOU ALMOUSTAPHA est mariée et mère de six (06) enfants. Elle est la secrétaire du Directeur Général de la Protection Civile, le Colonel-major BAKO Boubacar. 

 « En ce qui concerne mon parcours, je dois rappeler que j’ai suivi une formation en secrétariat bureautique à l’École Nationale d’Administration (E.N.A.), après mon BEPC. Après mes études en 1981, j’ai été affectée au Ministère de l’Intérieur en qualité de secrétaire sténodactylographe. Par la suite j’ai passée une année à la Sous-Préfecture de Tessaoua, en tant que stagiaire puis en 1982 réaffectée audit Ministère (après mon mariage) et mise à la disposition du Bureau Sécurité Incendie (B.S.I.), devenu l’actuelle Direction Générale de la Protection Civile (DGPC). Ce processus a été interrompu par mon séjour de deux années (1986-1988) à la Préfecture de Zinder, l’actuel Gouvernorat, puis retour au M.I. Depuis lors, j’y suis restée jusqu’à cette date. Comme vous pouvez le constater, j’ai eu à passer le plus grand nombre d’années (38 ans) à la Protection Civile. Mais à présent, je suis en fin de carrière car la retraite est prévue pour 2023, si Dieu me prête longue vie ».

 

Une carrière consacrée à la protection civile

L’on ne pourrait conter l’histoire de la protection civile nigérienne, sans mentionner celle qui l’a vue grandir de l’intérieur. BALKISSA ISSOUFOU ALMOUSTAPHA a commencé son service étant très jeune, à 19 ans. Elle travailla alors avec deux coopérants français : un officier qui était Conseiller Technique en matière de Sécurité Incendie et un Sous-Officiers qui le secondait. Les deux militaires et la femme civile constituaient l’équipe au niveau central. L’équipe travaillait en étroite collaboration avec deux autres sous-officiers de la coopération française qui servaient au niveau de la Compagnie des Sapeurs-Pompiers, l’actuel Groupement National des Sapeurs-Pompiers (GNSP). En 1984, « le bureau a été érigé en direction d’où un officier nigérien a été nommé à sa tête. Depuis lors, j’ai servi sous la coupe de cinq Directeurs et Directeurs Généraux successifs. » Il faudrait préciser que le tout premier Directeur de la Protection Civile (DPC) fut un commissaire de Police. Trois autres secrétaires ont séjourné à la Protection Civile, au fil des ans (les deux ont pris leur retraite et la plus jeune a changé de métier).

 

 

Un esprit militaire dans un corps civil

Ponctuelle et dévouée pour le travail, la femme civile a su s’adapter au mode militaire, car elle a passé l’essentiel de sa carrière avec des militaires (d’abord ceux de la coopération française et plus tard avec des nigériens). Elle fut d’ailleurs pendant longtemps la seule femme parmi les militaires « Je me suis naturellement habituée aux hommes en tenue dont j’apprécie fortement la courtoisie et la confiance placée en moi. Il m’arrive souvent d’user de quelques faits et gestes militaires ; d’ailleurs certaines personnes pensent que je suis aussi militaire habillée en civil »

Une femme bureaucrate qui ne déroge pas à ses devoirs de famille.

Longtemps au Niger, une femme qui travaille au bureau est perçue comme une élite.  Concilier travailler et prendre soin de la famille était le plus grand défi. Notre dame de la protection civile a su relever le défi avec tous les honneurs, son secret : « je me lève très tôt le matin pour effectuer les tâches ménagères avant de me rendre au service. J’ai connu des périodes où les horaires de travail étaient matin et soir (journée discontinue), mais je n’avais jamais manqué à mon devoir. En fait, c’est d’abord une question de formation et ensuite de conscience professionnelle tout court. »

Conseils d’une vétérane de la Protection Civile.

« De par mon expérience, comme vous me l’avez demandé, il convient de mettre l’accent et, de façon régulière, sur le renforcement des capacités de l’assistant(e) du Directeur Général, face à l’évolution des Nouvelles Technologies. Aussi, concernant la population, je suggère qu’elle soit davantage sensibilisée sur les réelles missions de la Protection Civile à l’instar des autres pays. Cependant, pour plus de discrétion et de rentabilité, je me permets de proposer la dotation de chaque service de la DGPC, de son propre outil de travail… »  

Un appel à l’occasion de la Journée Nationale de la Femme nigérienne.

La journée du 13 mai symbolise au Niger, la lutte menée en 1991 par les femmes en vue de leur intégration politique. Quand on retrace le parcours professionnel de certaine femme, à l’image de celui de BALKISSA ISSOUFOU ALMOUSTAPHA, l’on se doit de rendre un vibrant hommage à la femme Nigérienne à l’occasion de cette « Journée Nationale de la Femme ». Pour cette dernière qui a fait ses preuves, l’appel est simple, mais plein de sens « L’appel que je dois lancer à cette occasion est la poursuite de cette intégration dans tous les secteurs et le respect de la loi sur le quota. »

« Permettez-moi, avant de finir de vous remercier à nouveau, de remercier les autorités du Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation et plus particulièrement le Directeur Général de la Protection Civile, pour cette pensée positive, c’est un honneur à mon égard, en cette veille de fin de carrière. »